Quand on est, comme moi, passionné par le travail du bois, et qu’on a des cadeaux à faire, on pense immédiatement à réaliser quelque chose… en bois !

L’année passée, pour les 2 ans de mon filleul, j’avais réalisé un coffre à jouets. C’est maintenant au tour de ma filleule de fêter ses 2 ans.. et d’avoir un cadeau personnalisé de son parrain.  🙂

Après avoir mené l’enquête, j’ai appris que son “bébé” était trop grand pour les lits de poupée du commerce ; et que le pauvre était même obligé de dormir à même le sol !!

Voici donc la réalisation détaillée d’un lit de poupée en bois, sur base d’une photo trouvée sur Google, avec l’aide précieuse du “Grand Bébé” appartenant, lui, à mes filles.  🙂

Si vous regardez bien la photo sur la tablette, vous constaterez que le lit choisi est tout en courbe, avec aucun angle droit.

Ce projet va donc me permettre de découvrir deux techniques :

• la fabrication d’un gabarit (afin de dupliquer parfaitement les côtés arrondis du lit),
• la découpe et l’assemblage de pièces avec des angles spécifiques.

J’ai pas mal réfléchi à l’essence que j’utiliserais… du médium à recouvrir d’une peinture, ou du “vrai” bois. Finalement, et par facilité, je me suis rendu dans une GSB (grande surface bricolage) près de chez moi pour y acheter des panneaux de sapin lamellé collé.

Je parlais, ci-avant, d’un gabarit à réaliser. Le but de cette démarche est d’usiner une pièce “maîtresse” qui servira de guide pour en fabriquer d’autres, parfaitement identiques.

Le gabarit

J’ai choisi, pour cela, un morceau de médium de 3mm qu’il me restait dans l’atelier.

Après avoir décidé de la taille des côtés du (futur) lit, j’ai découpé le panneau de médium à dimensions.

J’aurais pu faire cela avec une simple scie sauteuse ou une scie circulaire, mais comme ma scie sur table Bosch GTS 10 XC était prête, ça a été plus vite.

La première chose à faire a été de dessiner la forme sur le panneau de médium.
Je n’avais pas de plan (et je n’en ai pas fait), j’ai donc improvisé avec tout ce qui me tombait sous la main…  🙂

…l’étui du crayon Pica-Dry…

…une règle en inox (pour les lignes droites)…

…et même le couvercle d’un petit bocal en verre !

Pour finalement obtenir un beau dessin qui correspond à peu près à la photo trouvée sur Google.

Dessiner le gabarit, c’est facile ; le couper proprement, c’est autre chose.

Mais j’ai pu compter sur la scie à chantourner Dremel Moto-Saw (que j’ai testée dans cet article), qui est vraiment parfaite pour cette tâche.

On attaque par un des côtés…

…et ça fonctionne très bien.

Pour la “poignée” du lit, je perce d’abord un petit trou à l’aide de ma fidèle petite perceuse visseuse Bosch GSR 10.8 2-LI.

Pour ensuite passer la lame de la scie Dremel à travers et entamer la découpe.

C’est aussi facile que les bords extérieurs.

Voici donc mon gabarit “dégrossi”.

L’idée est, ensuite, de l’affiner car il doit être le plus “parfait” possible.
J’utilise, pour cela, une machine que j’affectionne particulièrement : la ponceuse à cylindre oscillant Triton TSPS450 (présentée de manière détaillée dans cet article).

On y va…

Bien-sûr, avec du médium d’à peine 3mm d’épaisseur, ça va très vite.
Il faut d’ailleurs faire très attention de ne pas entamer le contour du gabarit !

Pour la poignée, je change le cylindre par un modèle plus étroit.

En terminant par un petit coup de papier de verre, on obtient une très jolie pièce.

Maintenant que le gabarit est terminé, je vais pouvoir l’utiliser pour réaliser les côtés du lit en “vrai bois”.

Je commence donc par tracer le contour du gabarit (toujours avec mon crayon Pica-Dry).

Sur la photo ci-dessous, on peut voir que ça “rentre” tout juste dans le panneau que j’ai acheté.

La découpe

J’attaque la première découpe du bois massif avec ma scie sauteuse Festool Trion PS 300.

Voilà mes pièces dégrossies.

Ceux qui n’auraient pas encore compris l’intérêt d’un gabarit peuvent se rendre compte que celui-ci et un tout petit peu plus petit que ma pièce de bois… le but étant maintenant d’enlever les parties extérieures afin de reproduite parfaitement la forme de ce fameux gabarit.

Mais, avant cela, je ne dois pas oublier de dessiner la poignée.

Comme il faut également la “dégrossir”, je perce deux trous…

…et j’enlève la matière à l’aide de la scie sauteuse.

Je dois, maintenant, maintenir le gabarit sur ma première pièce de bois.

J’aurais pu utiliser, pour cela, de l’adhésif double-face mais je n’en avais pas.
J’ai donc décidé de le fixer temporairement avec… 2 vis (les petits trous seront rebouchés) !

L’étape suivante va consister à retirer l’excédent de matière avec ma défonceuse sous table.

La fraise droite, munie d’un roulement, se servira du gabarit comme “guide”.

Mais trêve d’explications, on attaque !

Etant donné que je travaille avec la fraise au milieu de la table, et que le panneau de médium est plutôt fin (3mm), je choisi la sécurité en maintenant la pièce avec un poussoir de sécurité (de la marque américaine Micro Jig).

Et tout se déroule parfaitement.

Voici donc la première pièce de bois et son gabarit, parfaitement identiques !

C’est franchement nickel !  🙂

Je procède donc de la même manière pour le deuxième côté du lit de poupée.

Cette étape terminée, je dois encore réaliser les autres côtés du lit.

Je commence donc par dessiner leurs emplacements (toujours sur le gabarit).

En donnant, comme sur la photo du Net, un léger angle de… précisément 7°.

Je n’ai plus qu’à couper les panneaux des côtés, avec ma scie plongeante Festool TS55.

Deux belles découpes avec, comme toujours, des bords plus propres que ceux d’origine !

Première mise en situation du lit de poupée :

Je m’attaque maintenant à la découpe avec l’angle de 7°.

La scie réglée, il n’y a plus qu’à bien positionner le rail de guidage…

…pour effectuer la première coupe.

Une coupe parfaite, donc, avec une inclinaison de 7°.

Je pose la pièce en bois sur le gabarit pour vérifier.
C’est correct, ça suit parfaitement le dessin !

Je passe à l’autre côté.

Et au fond :

Me voilà, maintenant, avec toutes mes pièces découpées.

On arrive à une étape que je redoute un peu… celle de l’assemblage.

L’assemblage

Je dis que je redoute cette étape car je n’ai encore jamais eu l’occasion d’essayer un assemblage en angle. Mais avec le système Domino de chez Festool, ça devrait bien se passer.  🙂

Le but est donc de fraiser les deux pièces afin de pouvoir placer un faux tenon comme ceci :

J’ai coupé les panneaux de bois avec une inclinaison de 7°.. je règle donc ma fraiseuse Domino DF500 avec la même inclinaison :

Je fixe, ensuite, solidement, la pièce de bois sur mon établi.

Et je fraise :

Petit test d’insertion d’un Domino… ça semble ok.

Je continue donc mes fraisages.

Et après ces quelques trous, je présente les pièces.

Ca rentre bien comme il faut…

… et l’assemblage est même parfait !

C’est trop facile, en fait !!   🙂

Pour fixer ces pièces sur les côtés du lit, je commence par les positionner le mieux possible.
Pour m’aider, j’utilise un petit outil dont je vous ai déjà parlé : le Kreg Mutli-Mark. Très pratique !

Je trace, ensuite, l’emplacement exact, ainsi que les repères pour savoir où fraiser les Domino.

Il y aura donc 2 Domino par côté.

Ici, j’avoue que j’ai un peu fait “comme j’avais envie” car je pense que j’aurais du maintenir la fraiseuse avec des tasseaux ou quelque chose comme ça. Le risque étant que les trous ne correspondent pas parfaitement aux faux tenons (Domino)…

Les trous réalisés :

J’en fais de même pour les panneaux latéraux :

Et voilà, tous les Domino en place pour un premier montage à blanc.

Je m’aide de mon petit marteau nylon afin d’emboîter tous les morceaux.

Et voilà !

Avant de passer au collage, je dois encore usiner les bords afin qu’ils soient moins “saillants” et surtout moins fragiles.

Je monte une fraise “quart de rond” sur la défonceuse sous table afin d’arrondir le dessus des côtés latéraux du lit, ainsi que les poignées.

Toujours à l’aide de mon poussoir de sécurité Micro Jig, j’usine mes pièces.

Comme j’ai coupé avec une inclinaison, le roulement de la fraise est un peu trop “rentrant” par rapport au bord de la planche, ce qui crée une toute petite ligne (qui disparaitra facilement au ponçage).

Voilà le résultat :

Pareil pour l’autre côté et, toujours à cause de cet angle de 7°, l’arrondi est un peu spécial et pas symétrique… Aucune importance, cependant, et ça ne se verra pas du tout.

J’arrondis, donc, aussi les poignées.

Et le résultat est là.

Note : je suis toujours un peu “épaté” par le fini que cela procure. On sent qu’on passe du stade du bricoleur à celui du menuisier amateur… c’est assez gratifiant ! 🙂

Pour le reste des pièces, l’idée est de simplement “casser” l’angle des bords.
Je monte donc une autre fraise quart de rond, avec un radius beaucoup plus petit.

Toutes les pièces y passent :

J’ai envie de tout monter, et tout coller, mais il faut d’abord que je retire les repères et autres traces de crayon sur le bois.

Un petit coup de ponceuse… et on n’en parle plus !

Maintenant le collage.

Le chant des panneaux est garni de colle vinylique, à l’aide d’un Domino.

Et puis j’assemble les pièces, toujours en m’aidant de mon petit marteau nylon.

Il est important, à ce stade-ci, de retirer l’excédent de colle avec un chiffon de coton trempé dans un peu d’eau chaude… Gain de temps assuré au ponçage !

Les trois premiers côtés.

Et le tout :

Même si les Domino maintiennent déjà parfaitement l’ensemble, j’utilise des serre-joints pour exercer une pression sur les pièces de bois et ainsi garantir leur bon collage.

Quelques heures plus tard…. on y est presque !

La finition

Avant d’appliquer la protection, je passe un coup de ponçage avec ma ponceuse de finition préférée : la Festool ETS125 EQ.
D’abord au grain P80, ensuite un deuxième passage au P120.

Comme finition, j’ai choisi d’utiliser un vernis incolore pour meuble de la marque V33.

Je l’applique généreusement sur le bois (du sapin).

Remarquez que ce vernis ne fonce quasi pas le bois (sur la photo ci-dessous, j’en ai mis à droite) :

Pendant cette opération, j’utilise des petits accessoires bien pratiques pour stabiliser et isoler la pièce de bois : des Bench Cookie.

Etant donné que le lit possède un dessous arrondi, ces petites rondelles permettent de l’empêcher de bouger, tout en l’élevant à quelques centimètres du support.

Ils sont également recouverts d’une matière antidérapante, utile aussi pendant la phase d’égrenage (= léger ponçage entre deux couches).

Après avoir passé 3-4 couches du vernis V33, je trouvais le bois (pour rappel du sapin) encore très poreux, d’aspect très brut et surtout trop sensible aux rayures…

J’ai donc décidé de terminer par deux couches d’un vitrificateur qu’il me restait : le Sigmavar WS satin.

Sans doute que les premières couches ont joué le rôle de bouche pores… toujours est-il que le rendu après passage du Sigmavar est beaucoup mieux !

Et voilà, j’ai fini, plus quà attendre que ça sèche !

Après cela, j’ai gentilement demander à ma petite femme de confectionner un matelas aux dimensions du lit, ainsi qu’une jolie couverture assortie…

Je n’ai pas fait de photos de cette étape de couture (surtout car elle a fait cela en mon absence…) mais voici le résultat final, avec Grand Bébé qui teste le lit et se repose :

Alors OUI, il y a du travail, mais quel plaisir j’ai pris à réaliser ce petit lit de poupée !

Surtout que, comme indiqué en début d’article, j’ai pu m’exercer à deux nouvelles techniques (le gabarit et l’assemblage en angle) et tout s’est parfaitement découlé.  🙂

J’espère que cette réalisation vous a plu et qu’elle vous inspirera également. Avant qu’on me pose la question, je n’ai pas de plan, ni de côte… j’ai quasi tout fait “au pif”.

Pour finir, j’essaierai de vous mettre une photo de ce lit de poupée chez ma filleule Manon qui recevra ce cadeau dans quelques jours…

A bientôt, pour d’autres réalisations, sur TravaillerLeBois.com !